1. En marge de la Journée international des femmes célébrée le 8 mars 2024, notre reporter a tendu son micro à une femme qui semble avoir réussi dans sa carrière professionnelle. Il sagit de l’honorable Fanta Conté, lune des secrétaires parlementaires du Conseil National de la Transition (CNT), journaliste-communicante de profession. Femme battante, douée dune capacité découte impressionnante, toujours à laffut du renouveau, elle est lune des femmes parlementaires qui sinscrit dans le combat pour légalité de sexe et la discrimination positive de la gente féminine qui a sur ses épaules, de nos jours, la charge prépondérante de la famille. La question du genre et du respect des droits des femmes est son leitmotiv au sein du parlement et des autres institutions nationales et internationales. Pour son combat sans relâche,Fanta Conté est parmi les six conseilleres sélectionnées pour représenter la Guinée au sein du parlement Africain.
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    Pouvez-vous nous retracer votre parcours ?
    Pour parler de mon parcours, je suis journaliste-communicante de profession. Jai fait luniversité général Lansana Conté de Sonfonia où je suis diplômée en animation culturelle. Jai fait mes débuts à la RTG boulbinet en 2006 quand jétais encore à luniversité. Jai fait mes stages à la Radio Kaloum Stério (RKS) à la RTG Boulbinet, lorsquAboubacar Sylla était ministre de linformation et de la communication.
    De 2006 à 2010, jétais journaliste présentatrice dédition dinformations et animatrice démission femmes à la RKS. Après la RKS, jai postulé à la radio Chérie Fm en 2010 et jai été retenue parmi léquipe. Chemin faisant, je suis devenue la directrice générale adjointe. Jai assuré lintérim de rédacteur en chef et jétais coordinatrice des sites du groupe Allo media. Après Chérie FM, jai rejoint léquipe dEVASION FM, fin 2012 et jy suis restée jusquau début 2014. Entre temps, jai postulé pour lONG international Serch for Comongrawn où jai été recrutée comme productrice. De là, je suis restée jusquà ma nomination au CNT.

8 mars est la journée consacrée par les Nations-Unies pour célébrer les droits des femmes. Quel est votre regard sur le choix de cette date ?
Dédiée une journée pour célébrer la femme, cest une bonne chose. Parce que cette journée, contrairement à ce que certaines personnes pensent, cest pour faire la Mamaya. Pour moi, cest une journée importante qui permet de faire létat des lieux par rapport au respect des droits des femmes. Cest quelque chose quil faut saluer. Comme vous le savez, cest vrai, il y a eu beaucoup davancées en matière du respect des droits des femmes, mais, les pesanteurs existent.

Sur le plan du respect de la législation, il y a beaucoup de lois qui sont en faveur de la protection des femmes et des personnes vulnérables. Au niveau des politiques, il y a également beaucoup de femmes qui sont à des postes de responsabilité. On essaye de faire en sorte que les droits des femmes soient respectés. Mais, il y a beaucoup de choses qui restent à faire pour que les droits des femmes soient vraiment respectés.

Parlant de légalité entre homme et femme, il y a toujours des pratiques qui ne permettent pas lépanouissement de la femme que ça soit sur le plan professionnel ou personnel. Donc, cette journée, cest de faire létat des lieux, savoir quest-ce qui marche ou ne marche pas et quest-ce quil faut améliorer en faisant des propositions qui tendent à améliorer les conditions de vie et de travail des femmes.
Je profite pour souhaiter bonne fête aux femmes guinéennes, les inviter à mettre cette journée à profit pour vraiment faire des réflexions. Nous sommes en transition et cest une période importante qui permet très souvent de faire bouger les choses.
Parce quen période normale, ce nest pas du tout facile de débattre certaines questions. Cependant, en période de transition, les autorités sengagent à changer les choses, cest une opportunité à saisir par les organisations féminines de proposer même au CNT des textes de lois qui peuvent vraiment attirer lattention des décideurs par rapport à la condition des femmes.

La question de parité sinvite dans presque tous les débats où les femmes prennent part. En tant que femme et surtout membre du CNT que dites-vous sur ce sujet ?
La parité et léquité sont deux notions différentes. Souvent les gens emploient les deux thèmes, mais pas dans le même contexte. Je pense quaujourdhui quand les femmes parlent dégalité, on sait quon ne peut pas être au même niveau que les hommes. Quand je parle de même niveau, on est diffèrent physiquement, ce que les femmes demandent cest laccès aux mêmes droits, avoir les mêmes opportunités. Je pense que cela nest pas compliqué. Je prône souvent léquité, légalité de chance.

Vous êtes parmi des femmes au CNT, lorgane en charge délaborer la nouvelle constitution. Est-ce que vous avez pensé à faire des plaidoyers pour que les droits des femmes soient pris en compte dans la nouvelle constitution?
Je ne vais pas anticiper sur ce qui est dans la constitution par rapport à cette question de parité. Cela fera lobjet dun autre débat. Ce que je peux vous dire, nous avons fait beaucoup de réflexions au niveau du CNT par rapport à cette question de parité. On a organisé une conférence-débat sur la parité, cest-à-dire faire en sorte que la constitution soit sensible au genre.

Au CNT, je rappelle que nous sommes 25 femmes sur 81 conseillers, cest ce qui est une première. Parce quhabituellement au niveau de lAssemblée nationale, la question de 30% nest pas prise en compte par ce que les partis politiques ne respectent pas leur engagement. Cest quelque chose quil faut saluer.

Au bureau exécutif du CNT, nous sommes sept (7) dont un président, deux vice-présidents et quatre secrétaires parlementaires. Il y a quatre hommes et trois femmes, ce qui est une première bonne chose. Au niveau des commissions, il y a huit (8), chaque commission si une femme nest pas présidente, elle est vice-présidente ou rapporteuse. cest aussi des choses à saluer. Nous avons aussi mis en place une structure des femmes conseillères. Cest vraiment faire en sorte que le genre soit pris en compte dans le travail parlementaire.

Cette structure est constituée que des femmes parlementaires qui se battent pour que les questions du genre soient dans la nouvelle constitution, dans certaines lois organiques notamment le code électoral, la charte des partis politiques, les lois ordinaires. Ce nest pas seulement au niveau de la constitution, il faut faire en sorte que les autres lois que nous votons régulièrement, les questions de femmes, les intérêts, les préoccupations soient prises en compte. Pas seulement des femmes, mais les personnes vulnérables que leurs droits soient respectés. La conférence-débat sur le thème : la constitution sensible aux questions du genre quon a eu à faire. Il y a eu des propositions, un rapport a été produit et ce rapport a été remis au bureau exécutif pour quon puisse tenir compte des propositions formulées par les conseillères et les autres femmes de la société civile qui ont pris part. Ce rapport a été remis au président du CNT. Dans les jours à venir lorsque nous allons commencer le débat sur la constitution, vous allez voir si cest pris en compte ou pas, je ne veux pas anticiper sur cette question.

Propos recueillis par Aboubacar SOUMAH