Senegalese opposition presidential candidate Bassirou Diomaye Faye addresses his first press conference after being declared winner of Senegal's presidential election, in Dakar, on March 25, 2024. Anti-establishment candidate Bassirou Diomaye Faye was set March 25 to become the youngest president in Senegal's history after his rival conceded the race, triggering a political earthquake in the West African nation. (Photo by JOHN WESSELS / AFP)

Senegalese opposition presidential candidate Bassirou Diomaye Faye addresses his first press conference after being declared winner of Senegal’s presidential election, in Dakar, on March 25, 2024. Anti-establishment candidate Bassirou Diomaye Faye was set March 25 to become the youngest president in Senegal’s history after his rival conceded the race, triggering a political earthquake in the West African nation. (Photo by JOHN WESSELS / AFP)

Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour dimanche 24 mars, devrait entrer en fonction le 3 avril prochain. Avec un programme de rupture pour tenter de relever d’immenses défis comme l’alimentation, la dette et l’emploi.

La souveraineté alimentaire est en tête du programme économique du nouveau président élu du Sénégal. Une priorité qu’approuve Meissa Babou, enseignant-chercheur à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. « Il faut rompre avec le modèle actuel de notre économie, qui est un modèle d’importation, avec ce que ça nous coûte en devises. Parce que nous importons tout ce que nous mangeons, de l’oignon au riz, en passant par la pomme de terre. »

Huit pôles agro-industriels régionaux
Dans cette même optique, ajoute-t-il, « il faut penser immédiatement à rompre les contrats léonins sur la pêche ». L’économiste se félicite du projet de Bassirou Diomaye Faye de décaler la zone de pêche de 20 km, au profit des pêcheurs sénégalais.

La région de Dakar concentre encore 80% des investissements publics, déplore Cherif Sy, ancien professeur à l’École nationale d’économie appliquée. Ce dernier voit donc d’un bon œil le projet de décentralisation économique de la nouvelle équipe. Huit pôles agro-industriels régionaux devraient être créés, précise Cheikh Fatma Diop, auteur du programme de l’ex-Pastef, afin que les entreprises s’implantent, notamment les PME et PMI, « pour exploiter les ressources autour de l’arachide dans le centre, autour des fruits et légumes dans le sud, autour des produits halieutiques sur le littoral ». Il s’agit aussi de « permettre aux jeunes d’accéder à un maximum d’opportunités par l’industrialisation, et d’atteindre une valorisation totale du secteur primaire ».

Renégocier la dette et les contrats de pêche et de gaz
Pour retrouver de l’aisance budgétaire, l’équipe du nouveau président envisage de renégocier la dette sénégalaise, « sur le modèle de la Zambie ou du Ghana ». Et de récupérer des ressources fiscales en supprimant des exonérations et en élargissant l’assiette de l’impôt, très réduite.

Elle ne s’interdira pas non plus de revoir les contrats signés, y compris dans le gaz. « Par définition, tout contrat signé dans des conditions non optimales pourrait être revu, indique l’inspirateur du programme, Cheikh Fatma Diop. Ce sont des pratiques internationales connues. »

Rectification sur la future monnaie
En revanche, Bassirou Diomaye Faye a publiquement rectifié le tir en annonçant, de concert avec Ousmane Sonko, qu’il soutiendrait la future monnaie ouest-africaine pour remplacer le franc CFA, avant de songer à créer une monnaie sénégalaise. « Ce sont des rectifications rassurantes, juge l’économiste Cherif Sy. Ils précisent aujourd’hui qu’ils combattront pour l’émergence de la monnaie de la Cédéao… Une sortie du Sénégal de la zone monétaire, ce serait sa disparition immédiate, avec des effets désastreux sur les pays voisins. »

Il est possible d’orienter l’économie vers la satisfaction des besoins essentiels internes – infrastructures, nourriture, éducation –, juge l’économiste, sans provoquer « maladroitement » la fuite des capitaux ou celle des investisseurs extérieurs.

Source : RFI