À Paris, deuxième jour du procès en appel de Nicolas Sarkozy et deux autres protagonistes de l’affaire Paul Bismuth, à savoir Thierry Herzog et Gilbert Azibert, condamnés pour trafic d’influence et corruption en première instance. Ce mardi 6 décembre, pour la première fois, la cour a diffusé les fameux enregistrements des écoutes entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, où la vie privée des deux hommes se mêle aux démêlés judiciaires de l’ancien président.

Pendant plus d’une heure, 34 extraits de conversations téléphoniques résonnent dans la salle d’audience. Il y a deux ans, en première instance, ces extraits n’avaient pas pu être entendus, à cause d’un problème technique.

En appel ce mardi, les hauts-parleurs de la salle d’audience fonctionnent, et c’est sous haute surveillance policière, après avoir déposé leurs téléphones portables éteints dans des sacs en plastique, que l’assistance les écoute.

Plongée au cœur de l’intimité entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog, amis à la ville, mais aussi client et avocat ; comme lorsque M. Sarkozy lui propose de venir dîner, après le film que Claude Lellouche l’a invité à regarder.

Parfois, le ton de l’ancien président de la République se fait plus grave, et l’on sent l’inquiétude nouer sa voix lorsqu’il évoque l’avancement de certaines affaires, comme le dossier Liliane Bettencourt.

Et dans l’un des extraits, en février 2014, M. Herzog explique à son client qu’il vient d’avoir en ligne le haut magistrat Gilbert Azibert, et que ce dernier s’est entretenu avec un protagoniste important de ce dossier judiciaire.

Puis Thierry Herzog évoque auprès de Nicolas Sarkozy un souhait de Gilbert Azilbert, « un truc à Monaco », précise-t-il, un poste qui se libère au Conseil d’État monégasque et qui intéresse beaucoup le haut magistrat.

Nicolas Sarkozy lui répond du tac au tac : « Rappelle-le aujourd’hui, en disant que je m’en occuperai parce que je vais à Monaco. » C’est là, dans ce petit détail de conversation, que les juges ont vu un pacte de corruption.

En fin d’audience, l’ex-chef de l’État prend la parole et lance à la présidente du tribunal : « Je dois vous dire que j’ai été choqué par la diffusion de ces conversations privées avec mon avocat. » Et Nicolas Sarkozy d’ajouter « J’ai senti physiquement une gêne dans la salle d’audience. »

Ce procès en appel devra déterminer si oui ou non, il y a bien eu tentative de corruption de la part des protagonistes.

Avec RFI