Il est désormais un peu comme chez lui à la Maca, la Maison d’arrêt et de correction des armées à Ouagadougou. En ce samedi de mai, jour de visite, Gilbert Diendéré reçoit comme d’habitude à l’ombre de son manguier. Sur sa table en plastique, un thermos de café, des tasses, du sucre. Le général a beau être en détention, il reçoit comme si de rien n’était. Et propose même de l’eau tempérée ou glacée – au choix –, qu’il va chercher dans son frigo personnel. Pour un peu, ses visiteurs oublieraient le mur d’enceinte hérissé de barbelé et les miradors dans leur dos. Plus loin, des chevreaux gambadent, des soldats rigolent. Quand ils s’approchent de lui, certains le gratifient d’un garde-à-vous.

Certes, l’endroit n’a rien d’un Guantánamo. Mais voilà bientôt sept ans que le détenu le plus célèbre du Burkina Faso y est privé de liberté, coincé dans cette prison militaire décatie. Lui ne se plaint pas. Pas le genre de la maison. Il « supporte », dit-il. Moralement et physiquement. De fait, l’homme n’a guère changé. Toujours la même silhouette de grand échalas. Le même sourire timide, limite gêné, qui cache une détermination froide et une autorité naturelle qui en font, depuis des années, l’officier le plus redouté de l’armée burkinabè. Même en polo blanc et sandales, comme en cette matinée ensoleillée, Diendéré suscite la méfiance de ses compatriotes. La faute aux innombrables et basses besognes prêtées à l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, un président qu’il a loyalement servi durant près de trois décennies.