La délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), arrivée jeudi dans la nuit à Niamey, a écourté son séjour au Niger. Dépêchée par le président du Nigeria, Bola Tinubu, président en exercice de l’organisation sous-régionale, cette délégation venue pour obtenir, par le dialogue, le retour à l’ordre constitutionnel, n’a finalement pas rencontré le chef de la junte. De son côté, le président Bazoum se déclare « otage » dans une tribune au Washington Post.

La mission de la Cédéao a écourté son séjour. Elle est repartie ce vendredi peu avant une heure du matin sans avoir quitté l’aéroport, rapporte notre correspondant régional, Serge Daniel.

Avant de remonter dans le vol spécial affrété par la présidence nigériane, un membre de la délégation a eu le temps de nous confier : « Passer une nuit à Niamey n’était plus nécessaire. »

Les émissaires de la Cédéao, parmi lesquels figurent l’ancien chef d’État du Nigeria Abdulsalami Abubakar et le sultan de Sokoto, n’ont finalement même pas quitté l’aéroport où ils ont rencontré une délégation de la junte conduite par le responsable des opérations spéciales.

Les rendez-vous avec le chef de la junte, le général Tchiani, et le président Bazoum ont été annulés. L’objectif de cette visite était d’obtenir de la junte, par le dialogue, le rétablissement des institutions de la République dissoutes et le retour au pouvoir du président renversé. Mais la mission n’a pas été une réussite, d’autant que la junte nigérienne a, de son côté, durci le ton.

La junte a dénoncé des accords militaires conclus avec la France, retiré les ambassadeurs de quatre pays et annoncé qu’elle ripostera à « toute agression » de la Cédéao.

La tribune de Mohamed Bazoum dans le Washington Post
« J’écris ceci en tant qu’otage. » C’est un président nigérien toujours aux mains des putschistes qui fait parvenir un texte à l’un des principaux journaux américains, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.

Dans cette tribune, Mohamed Bazoum commence par réfuter tous les arguments des militaires pour le déposer. Non, la situation sécuritaire n’est pas dégradée depuis son élection, au contraire, que ce soit dans le nord ou dans le sud. Il défend également son bilan économique. Ces succès revendiqués, il les explique principalement par les partenariats avec l’étranger et notamment les États-Unis.

Il souligne qu’en mars, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a fait du Niger un exemple de résilience, de démocratie et de coopération. Les deux hommes se sont d’ailleurs parlé depuis le coup d’État militaire. Il est vrai que le partenariat entre le Niger et les États-Unis est particulièrement fort.

En décembre dernier, lors du sommet des leaders africains à Washington, Mohamed Bazoum avait tenu une place éminente parmi les chefs d’État présents. Il en appelle donc à la communauté internationale et en particulier aux États-Unis pour rétablir l’ordre constitutionnel dans son pays, qualifié de dernier bastion du respect des droits humains dans la région. Faute de quoi, c’est tout le Sahel qui basculerait dans le giron de la Russie, du groupe Wagner, mais aussi des groupes armés jihadistes.