Ramaphosa a dénoncé à l’ONU un déséquilibre dans l’architecture de financement des crises et conflits dans le monde, au détriment de l’Afrique et de la paix mondiale. Il a également réitéré l’appel à réformer le Conseil de sécurité de l’ONU, pour plus d’efficacité face aux réalités géopolitiques actuelles.

Lors de la 78e session annuelle de l’Organisation des Nations unies (ONU) à New York, le président sud-africain Cyril Ramaphosa (photo) a déploré à la tribune de l’institution un appétit mondial vivace pour le financement de la guerre, au détriment de l’accroissement des moyens de subsistance.

« Le fait que nous puissions dépenser autant pour la guerre, mais que nous soyons incapables de soutenir les mesures qui doivent être prises pour répondre aux besoins les plus élémentaires de milliards de personnes constitue une grave remise en cause de la communauté internationale », a-t-il dénoncé, mardi 19 septembre.

It is a grave indictment of this international community that we can spend so much on war, but we cannot support action that needs to be taken to meet the most basic needs of billions of people. https://t.co/0P6zugVKjr

— Cyril Ramaphosa ?? (@CyrilRamaphosa) September 19, 2023
Pour le dirigeant sud-africain, 78 ans après la 2e guerre mondiale, les nations du monde entier n’ont pas réussi à respecter leur engagement solennel d’asseoir une paix durable, de promouvoir les droits humains et de favoriser le progrès social équitable à travers le monde.

« Une grande partie de l’humanité est confrontée à la guerre et aux conflits, au besoin et à la faim, à la maladie et aux catastrophes environnementales », a-t-il ainsi décrit, fustigeant par ailleurs une forme d’injustice dans le traitement et la résolution des conflits dans le monde.

La déclaration du président sud-africain, tout comme cette session de l’Assemblée générale de l’ONU, survient en pleine crise politique au niveau international. D’une part l’intensification depuis 2021, de la guerre Russie-Ukraine, et d’autre part, les multiples conflits qui déstabilisent l’Afrique et le Moyen-Orient depuis des décennies.

Dans le cas de la guerre en Ukraine, les pays du nord ont consenti puis déployé des moyens colossaux pour l’armement. D’après le dernier rapport de l’Institut Kiel publié le 7 septembre dernier, Kiev a reçu, plus d’un an et demi après le début de la guerre, des engagements de financement d’au moins 244,603 milliards $ d’aide militaire, financière ou humanitaire.

Cela, au moment où plusieurs pays africains en crise peinent à mobiliser des fonds pour améliorer leurs moyens de subsistance, financer leurs programmes de sortie de crise ainsi que leur transition verte.

Pour le chef de l’état sud-africain, la communauté mondiale peut encore et doit travailler en synergie « avec l’Union africaine pour soutenir les efforts de paix dans l’est de la RDC, en Libye, au Soudan, en Somalie, au Mali, en Centrafrique, au Soudan du Sud, dans le nord du Mozambique, dans la région des Grands Lacs, au Sahel, au Niger et dans la Corne de l’Afrique ».

Ces pays, faut-il le souligner, traversent depuis des années une instabilité politique et sont pour la plupart, soit frappés par le terrorisme ou déstabilisés par des groupes armés rebelles. Ces derniers mois, l’intensification des conflits armés a aggravé la crise humanitaire, dans un contexte économique déjà difficile pour ces États.

Pour rappel, durant deux semaines, les débats de cette 78e assemblée générale des Nations Unies porteront sur le thème « Restaurer la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action sur le Programme 2030 et les Objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tous ».

(Agence Ecofin)