D’abord, le capitaine Ibrahima Traoré a loué les efforts consentis par la Russie lors de la seconde guerre mondiale afin de libérer le monde du nazisme. Pour lui, le continent africain et la Russie ont les mêmes perspectives. C’est pourquoi il souhaite que ce sommet soit l’occasion de pouvoir tisser de très bonnes relations entre les nations en vue d’un meilleur avenir pour leurs peuples.

Ibrahima Traoré n’a pas manqué de signaler les préoccupations actuelles de sa génération.

« Les questions que ma génération se pose sont les suivantes, si je peux me résumer, c’est de ne pas comprendre comment l’Afrique avec autant de richesses sur son sol, avec une nature généreuse, de l’eau, du soleil en abondance, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus pauvre ? L’Afrique est un continent affamé ? Et comment se fait-il que nos chefs d’Etat traversent le monde pour mendier ? Voici des questions que nous nous posons et que nous n’avons pas de réponse jusque-là. Nous avons l’occasion de tisser de nouvelles relations et j’espère que ces relations puissent être les meilleures pour donner un meilleur avenir à nos peuples.

Ma génération me charge aussi de dire que c’est par le fait de la pauvreté qu’elle est obligée de traverser l’océan pour essayer de rallier l’Europe. Elle meurt dans l’océan. Mais que prochainement, elle n’ira pas vers l’océan parce qu’elle viendra devant nos palais pour chercher leur pitance quotidienne ».

Le chef de la transition au Burkina Faso affirme que son pays est  confronté depuis plus de huit ans maintenant à la forme de manifestation « la plus barbare, la plus violente du néocolonialisme, de l’impérialisme ; l’esclavage qu’on tend à nous imposer. Nos devanciers nous ont appris une chose ; “l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort”. Nous ne nous apitoyons pas sur notre sort, on ne demande pas que quelqu’un s’apitoie sur notre sort.
Le peuple burkinabè a décidé de lutter : de lutter contre l’hydre terroriste pour relancer son développement. Dans cette lutte, de vaillantes populations se sont engagées à prendre des armes face au terrorisme. Ceux que nous avons affectueusement appelés les VDP, les Volontaires pour la défense de la patrie.

Nous sommes surpris de voir des impérialistes traiter ces VDP de milices de tout type. C’est décevant parce qu’en Europe lorsque des peuples prennent des armes pour défendre leur patrie, on les appelle des patriotes. Nos grands-pères ont été déportés pour sauver l’Europe. Ce n’était pas avec leur consentement, c’était contre leur gré. Mais au retour, on se rappelle bien qu’à Thiaroye lorsqu’ils ont voulu revendiquer leurs droits élémentaires, ils ont été massacrés. Cela ne fait rien. Lorsque nous, peuples, décidons de nous défendre, on nous traite de milices. Mais là, n’est pas le problème. Le problème, c’est de voir des chefs d’Etat africains qui n’apportent rien à ces peuples qui se battent, mais qui chantent les mêmes choses que les impérialistes en nous traitant de milices, en nous traitant d’hommes qui ne respectent pas les droits de l’Homme. De quels droits de l’Homme parle-t-on ? Nous nous offusquons contre cela et c’est honteux. Il faut que nous les chefs d’Etat africains arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles.»

Dans son discours d’ouverture, le président russe a annoncé l’envoi “gratuit” de céréales en Afrique. Le capitaine Ibrahima Traoré remercie Poutine pour le geste et interpelle à  cet effet ses homologues africains.

«C’est un message passé à nous chefs d’Etat africains parce qu’au prochain sommet, nous ne devrons pas venir ici sans avoir assuré pour ceux qui ne connaissent pas la guerre l’autosuffisance alimentaire à nos peuples. Nous devons prendre l’expérience de ceux qui ont pu atteindre cet objectif en Afrique, tisser de bonnes relations ici, tisser de meilleures relations avec la Fédération de Russie pour pouvoir répondre aux besoins de nos populations.»