Candidat à la présidentielle en conflit avec le pouvoir, l’opposant Ousmane Sonko a été interpellé lors de sa marche à travers le pays et ramené à Dakar.

Une source proche des autorités a précisé qu’Ousmane Sonko avait été interpellé près de Koungheul par les gendarmes et ramené par eux vers la capitale.
Une source proche des autorités a précisé qu’Ousmane Sonko avait été interpellé près de Koungheul par les gendarmes et ramené par eux vers la capitale.

AFP
Les forces de l’ordre sénégalaises ont mis fin abruptement dimanche à la marche de l’opposant Ousmane Sonko à travers le pays en l’interpellant dans le sud et en le ramenant de force à Dakar, ont indiqué les autorités.

Le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a invoqué les heurts entre partisans d’Ousmane Sonko et forces de l’ordre qui ont accompagné depuis vendredi le retour de l’opposant à Dakar en convoi par la route et dans lesquels un homme a été tué. «Il y a eu mort d’homme à Kolda, est-ce que l’État va rester les bras croisés (…) la réponse ne peut être que négative», a déclaré le ministre à la télévision publique.

Il a fait valoir qu’Ousmane Sonko aurait dû faire une demande d’autorisation préalable avant d’organiser ce qu’il a appelé une «caravane de la liberté». «On a pu de ce fait encadrer le leader du (parti) Pastef (Ousmane Sonko, ndlr) jusqu’à son domicile (à Dakar) où il a été déposé», a-t-il dit.

«Introuvable et injoignable»
Une source proche des autorités a précisé qu’Ousmane Sonko avait été interpellé près de Koungheul par les gendarmes et ramené par eux vers la capitale. Le ministre de l’Intérieur a rapporté que des armes avaient été trouvées dans le véhicule transportant Ousmane Sonko.

Le sort de l’opposant, engagé depuis deux ans dans un bras de fer avec le pouvoir en vue de la présidentielle de 2024, donnait lieu à des spéculations depuis plusieurs heures. Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle mais menacé d’inéligibilité par des affaires judiciaires qu’il dénonce comme un complot de l’État, n’a plus donné de nouvelles publiques depuis dimanche matin. Son parti l’a déclaré «introuvable et injoignable».

Il a entrepris vendredi dans le sud du pays une marche de retour vers Dakar dont il comptait faire une démonstration de force. Le convoi a drainé des foules de jeunes supporteurs enthousiastes et été émaillé de heurts entre jeunes et forces de sécurité, dans lesquels un homme a été tué.

Complot
Alors qu’Ousmane Sonko documente volontiers ses faits et gestes en direct sur les réseaux sociaux et en a fait de même les deux premiers jours de son voyage, il a cessé de le faire dimanche. La mobilisation des supporteurs d’Ousmane Sonko autour de lui a régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles.

En 2021, il avait été interpellé à Dakar alors qu’il se rendait en cortège à la convocation d’un juge dans une affaire de viols. Son interpellation avait contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts.

Une chambre criminelle doit rendre le 1er juin un verdict très attendu contre lui dans la même affaire de viols présumés. Il a refusé de comparaître, criant au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle. En plus d’une éventuelle condamnation, il risque la perte de son éligibilité. Retranché dans le Sud, il entendait faire de son retour à Dakar une démonstration de force.

(AFP)