Plus de 1.300 migrants partis des côtes tunisiennes pour tenter de rejoindre clandestinement l’Europe ont péri en mer en 2023, a annoncé mardi le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une ONG tunisienne spécialiste des questions migratoires.
Au total « 1.313 personnes sont mortes ou ont disparu devant les côtes tunisiennes, un chiffre jamais atteint en Tunisie », a indiqué devant la presse Islem Ghaarbi, experte en migrations au sein du FTDES.
L’experte, qui a précisé qu’au moins deux tiers de victimes étaient originaires d’Afrique subsaharienne, a souligné que ce funeste bilan « équivaut à peu près à la moitié des morts et disparus en Méditerranée » en 2023. Plus de 2.498 personnes sont mortes ou ont disparu en 2023 en Méditerranée centrale, soit 75% de plus que l’année précédente, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les départs de ressortissants subsahariens ont connu une accélération en Tunisie après un discours en février 2023 du président Kais Saied, dénonçant l’arrivée « de hordes de migrants clandestins » qu’il avait présentés comme une menace démographique pour son pays.
Selon un rapport de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) paru en décembre dernier, les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile subissent en Tunisie « une violence institutionnelle quotidienne », avec des « arrestations arbitraires », des « déplacements forcés » et des « expulsions illégales » vers les frontières avec la Libye et l’Algérie.
La semaine passée, 13 réfugiés soudanais ont péri et 27 autres sont portés disparus après le naufrage de leur embarcation de fortune partie jeudi du littoral proche de Sfax (centre-est) pour tenter la traversée de la Méditerranée vers l’Italie, dont les côtes les plus proches se trouvent à moins de 150 kilomètres.
L’aggravation de la conjoncture économique en Tunisie avec une croissance évaluée à 1,2% pour 2023 (la moitié de 2022) et un chômage des jeunes à 38%, sont par ailleurs des facteurs décisifs de l’émigration massive des Tunisiens. En 2023, ils ont représenté la deuxième nationalité de migrants illégaux arrivés en Italie (avec 17.304) juste derrière les Guinéens (18.204), selon le ministère de l’Intérieur italien.

AFP