Le FNDC maintient la pression et appelle une nouvelle manifestation contre un 3ème mandat du président Alpha Condé, après celle du lundi 14 octobre 2019, qui aurait occasionné la mort de cinq personnes et des dizaines de blessés, selon nos informations, deux décès selon le gouvernement.

L’opposition et la société civile restent mobilisées pour dire non au souhait d’Alpha Condé de briguer un troisième mandat. En dépit des morts, la mobilisation contre un troisième mandat du président Alpha Condé va se poursuivre à Conakry, comme à l’intérieur du pays.

Des centaines de jeunes très mobiles ont érigé des barricades, brûlé des pneus et lancé des pierres sur les policiers et gendarmes massivement déployés à Cosa, Koloma, Wanidara ou encore Bambéto, les fiefs de l’opposition, ont indiqué des témoins. Les forces de l’ordre ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.

Au moins cinq morts parmi les manifestants
Le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), un collectif qui réunit l’opposition et la société civile, avait appelé à manifester à compter du 14 octobre 2019. Le mot d’ordre a été suivi, mais le bilan était déjà lourd au premier jour de protestation. Il est passé à cinq manifestants tués, après la mort d’un jeune, nommé Mohamed Sylla âgé de 17 ans, atteint par balle à Wanidara, selon nos sources.

La tension n’a cessé de monter depuis l’appel à manifester lancé il y a une semaine par le FNDC. Constituée en avril 2019, cette coalition rassemblant des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile s’oppose résolument à une révision de la Constitution évoquée par le pouvoir. Laquelle permettrait à Alpha Condé, 81 ans, de se présenter pour un troisième mandat, alors que la Constitution en limite le nombre à deux.

L’opposition s’attend à ce qu’il officialise bientôt la tenue d’un référendum constitutionnel. Elle dénonce un projet de coup d’État institutionnel et la dérive « dictatoriale » de celui qui fut lui-même un opposant historique ayant connu la prison pour son engagement contre différents régimes autoritaires, avant de devenir le premier président démocratiquement élu en république de Guinée.

Le gouvernement avait déclaré que la mobilisation était illégale faute de déclaration préalable. Il avait prévenu qu’il ne céderait « pas le moindre centimètre carré au règne de l’anarchie ». L’opposition a justifié l’absence d’une telle déclaration par l’existence, depuis juillet 2018, d’une interdiction officieuse de toute protestation des adversaires du gouvernement. Au moins une vingtaine d’opposants ont été arrêtés le samedi 12 octobre 2019, selon le FNDC. Parmi eux, six responsables de la coalition.

Alseny Camara