Un fort dispositif sécuritaire a été déployé jeudi à Dakar avant le procès programmé de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko dont l’issue pourrait l’empêcher d’être candidat à la présidentielle dans un an, ont constaté des journalistes de l’AFP.

M. Sonko doit comparaître jeudi pour diffamation contre un ministre, un procès qui s’annonce comme un rendez-vous à risques et fait craindre des violences dans un pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Ce dossier judiciaire et un autre pour viols présumés font peser une hypothèque sur sa candidature à la présidentielle et sont sources de tensions depuis deux ans. M. Sonko crie au complot ourdi par le pouvoir pour l’éliminer politiquement.

Il a appelé mardi lors d’un meeting ses partisans à venir massivement le soutenir pour son procès et à défier le président Macky Sall, « sa police et sa gendarmerie », se disant « prêt à se battre ». Le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat contribue aussi à dresser les camps adverses les uns contre les autres.

Le convoi de M. Sonko est parti vers 9h00 (locales et GMT) sous une forte escorte policière, mais sans la foule qu’il avait convoquée. Le quartier de son domicile a été quadrillé par les forces de sécurité dès le début de la matinée. Des engins blindés, gendarmes mobiles et barrages filtrants ont été disposés autour de sa résidence, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le dispositif est également renforcé près du tribunal où policiers anti-émeutes et gendarmes ont été déployés. De nombreuses écoles étaient fermées jeudi matin.

Le procès de jeudi oppose M. Sonko au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, qui le poursuit pour « diffamation, injures et faux ». Celui-ci reproche à l’opposant d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) pour sa gestion d’un fonds d’un programme agricole pour l’emploi des jeunes. La mise en cause de M. Sonko dans une autre affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à déclencher des émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts. Ces deux procédures pourraient empêcher sa candidature à la présidentielle de 2024, les textes prévoyant une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation.

AFP