« Plus de 140 personnes ont déjà été enterrées », a déclaré Nura Abdullahi, un porte-parole de l’agence nationale des secours (NEMA), précisant que « le bilan pourrait encore augmenter ». « Nous avons enterré 147 personnes dans cette fosse commune dont 30 tellement brûlés que nous n’avons pas pu les identifier », a détaillé Hambali Zarga, président du gouvernement local de Taura où est située Majiya, ajoutant que « 140 blessés ont été transférés dans différents hôpitaux ».
« Les gens ont faim »
Le pays le plus peuplé d’Afrique traverse une grave crise économique, avec une forte inflation nourrie notamment par les réformes économiques du président Bola Ahmed Tinubu, au pouvoir depuis mai 2023. Et notamment la fin des subventions pour les carburants, qui a fait s’envoler les prix alimentaires et des transports, faisant de l’essence un catalyseur du mécontentement des Nigérians, qui ont été nombreux à basculer dans la précarité.
« Personne n’a pensé au risque d’explosion, bien que tout le monde (en) soit conscient » au vu des drames similaires survenus dans le passé, note Buhari Ali, un fonctionnaire de 30 ans qui a participé à l’enterrement des victimes. Pour lui, l’explication est simple: « Les gens ont faim et ils ne peuvent se permettre de manquer une occasion aussi rare ».
« Cet incident dévastateur nous a tous profondément ébranlés. Le gouvernement fédéral est aux côtés du peuple de Jigawa », a déclaré dans un communiqué le vice-président du pays, Kashim Shettima, en réclamant « un examen complet des protocoles de sécurité du transport de carburant au Nigeria ». Les sénateurs réunis en session à Abuja ont observé une minute de silence en mémoire des victimes.
Les accidents sur des routes mal entretenues sont fréquents au Nigeria. En septembre dernier une explosion provoquée par la collision entre un camion-citerne et un camion transportant des passagers et du bétail a fait au moins 59 morts dans l’État du Niger (ouest).
En 2020, la Commission fédérale de la sécurité routière (FRSC) avait recensé 1.531 accidents impliquant des camions-citernes, qui ont causé la mort de 535 personnes. En plus des pertes humaines et matérielles, ces accidents font des dégâts environnementaux à cause des fuites d’essence.
Des organisations politiques et de la société civile avaient appelé à manifester le 1er octobre pour réclamer « la fin de la faim et de la misère » et la baisse des prix de l’essence, mais la mobilisation été peu suivie. Le même jour, le président Tinubu a de nouveau appelé les Nigérians à « faire preuve de patience », le temps que les réformes économiques engagées par le gouvernement portent leurs fruits.
Avec AFP