PREMIERS MOTS D’ALI BONGO
Le président gabonais a pris la parole pour la première fois après la tentative de coup d’État de militaires. Dans une vidéo, il dit vouloir envoyer « un message à tous les amis que nous avons dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit ».
« Les gens ici m’ont arrêté, moi et ma famille. Mon fils est quelque part. Ma femme est à une autre endroit et je suis dans ma résidence », dit-il également avant de conclure : « Je ne sais pas ce qu’il se passe. Alors je vous appelle à faire du bruit, du bruit, du bruit, vraiment ».
Putsch au Gabon : les premiers mots d’Ali Bongo
« SOLUTION DIPLOMATIQUE »
Opposée à une intervention militaire, l’Italie a appelé à une « solution diplomatique » au Niger après le coup d’État survenu fin juillet dans ce pays d’Afrique francophone, mais aussi au Gabon, où un putsch est en cours contre le président sortant Ali Bongo.
« L’Italie continue à être engagée en faveur d’une solution diplomatique de la crise au Niger mais aussi celle plus récente au Gabon, en étroite coordination avec ses partenaires », a déclaré le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani dans un communiqué.
Le Commonwealth a jugé la situation au Gabon « profondément préoccupante ». Le pays avait rejoint, en 2022, l’organisation qui se compose d’une cinquantaine de pays, en majorité d’anciennes colonies britanniques.
Les sept personnes arrêtées par les militaires putschistes – dont l’un des fils d’Ali Bongo – incarnent la « jeune garde » qui formait un groupe de très proches et influents conseillers du chef de l’État depuis le retour d’une longue convalescence d’Ali Bongo à la suite d’un AVC en 2018. L’opposition et la société civile accusaient régulièrement les membres de cette « jeune garde » d’être devenus les véritables dirigeants du pays parce que, selon elles, Ali Bongo était très affaibli par les séquelles de son AVC.
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ALI BONGO
Le président gabonais a été placé en résidence surveillée « entouré de sa famille et de ses médecins », ont indiqué les militaires putschistes à la télévision d’État, répondant ainsi aux inquiétudes de pays comme la Chine pour la santé du dirigeant.
L’un de ses fils, Noureddin Bongo Valentin, a par ailleurs arrêté notamment pour « haute trahison », ont-ils encore précisé. Une série d’arrestations ont également visé six autres hauts responsables du régime, tels le directeur de cabinet d’Ali Bongo et son directeur adjoint, des conseillers de la présidence ainsi que les numéros un et deux du tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG).
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LE CHEF DE LA GARDE PRÉSIDENTIELLE PORTÉ EN TRIOMPHE
Le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine (GR), garde prétorienne du président déchu Ali Bongo Ondimba, a été porté en triomphe mercredi par des centaines de militaires, quelques heures après un coup d’État, aux cris de « Oligui président », dans des images retransmises par la télévision d’État.
Cette vidéo passait en boucle à la fin d’un communiqué lu par un colonel entouré d’officiers de la GR, la plus puissante unité de l’armée gabonaise, annonçant que M. Bongo était « en résidence surveillée » quelques heures après l’annonce de sa réélection au terme de 14 années au pouvoir.
À la tête du Gabon depuis 14 ans, Ali Bongo a dû plusieurs fois lutter pour asseoir son pouvoir, hérité de son père, et doit à présent affronter un coup d’État destiné à renverser la dynastie dirigeante depuis 55 ans.
Le chef de l’État de 64 ans « est gardé en résidence surveillée, entouré de sa famille et de ses médecins », ont affirmé mercredi les militaires qui avaient annoncé quelques heures plus tôt la dissolution des institutions du pays.
Ali Bongo venait juste d’être proclamé vainqueur de la présidentielle et réélu pour un troisième mandat avec 64,27% des voix, selon les résultats officiels, « tronqués » selon les putschistes.
Situation confuse au Gabon. Ce mercredi 30 août au matin, l’autorité nationale en charge de l’élection présidentielle a annoncé la victoire du président sortant, Ali Bongo Ondimba. Ce dernier, au pouvoir depuis 14 ans, a obtenu un troisième mandat lors des élections de samedi avec 64,27% des suffrages exprimés. Ali Bongo a battu, dans un scrutin à un seul tour, son principal rival Albert Ondo Ossa et 12 autres candidats. Deux heures avant la clôture du scrutin samedi, Albert Ondo Ossa avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo ».
Quelques minutes après la confirmation de la réélection d’Ali Bongo, un groupe d’une douzaine de militaires et de policiers gabonais a annoncé, dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24, abritée au sein de la présidence, l’annulation des élections, la dissolution de « toutes les institutions de la République » et la « fin du régime ».
Pendant cette déclaration, des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs d’armes automatiques dans plusieurs quartiers de la capitale Libreville.
Le président Bongo en résidence surveillée
Après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…) nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a déclaré un des militaires, affirmant s’exprimer au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions ». « À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, les militaires ont annoncé la dissolution du gouvernement, du Sénat, de l’Assemblée nationale et de la Cour Constitutionnelle. Des annonces accompagnées d’un appel au calme.
« Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale », ont-ils voulu rassurer, en précisant que les frontières du pays étaient fermées « jusqu’à nouvel ordre ». Quelques heures plus tard, les militaires putschistes ont également affirmé que le président Bongo avait été placé en résidence surveillée et qu’un de ses fils avait été arrêté.
« C’est la libération ! »
Parmi les militaires qui se sont exprimés mercredi matin figurent des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence, reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers. Leur déclaration a aussi été diffusée sur la télévision publique Gabon 1ere. Ce coup de force intervient alors que le pouvoir avait décidé, après les accusations de fraudes samedi, d’instaurer un couvre-feu et de couper Internet dans tout le pays. Des mesures mises en place pour parer, selon le gouvernement, à la diffusion de « fausses nouvelles » et à « d’éventuelles violences ».
Des mesures mises en place pour parer, selon le gouvernement, à la diffusion de « fausses nouvelles » et à « d’éventuelles violences ».
À travers le pays, les réactions à cette tentative de coup d’État sont mitigées. Tôt mercredi matin, les rues du centre-ville de Libreville étaient désertes, selon l’AFP. Dans le quartier populaire Plein Ciel de Libreville, non loin du centre, un membre du personnel de l’AFP a vu une centaine de personnes sur un pont, à pied ou en voiture, crier : « C’est la libération ! » ou encore « Bongo dehors ! ». Au son des klaxons, ils ont salué et applaudi des policiers en tenue anti-émeutes au visage masqué. Selon cette source, des militaires à bord d’un véhicule de transport ont levé les bras en signe de victoire, et ont été applaudis par la foule.
Dans le quartier aisé d’Akanda, non loin de la résidence d’Ali Bongo, des habitants se tenaient sur le pas de leur porte, sans oser sortir, selon un membre du personnel de l’AFP, des militaires rigolards d’une unité d’élite leur demandant de rentrer chez eux. À Port-Gentil, la capitale économique, sur la place du Château d’eau, dans un quartier très populaire et bastion traditionnel de l’opposition, des centaines de personnes sont sorties en voiture en klaxonnant au cri de « Le Gabon est libéré ».
La France suit la situation « avec la plus grande attention »
En France, la Première ministre Elisabeth Borne a évoqué la situation au début de son discours à la conférence des ambassadeurs. La cheffe du gouvernement a assuré que Paris suivait « la situation avec la plus grande attention ». « L’action du réseau diplomatique français a été marquée par la réponse à plusieurs crises majeures : la guerre en Ukraine, la situation au Soudan ou le coup d’État au Niger et désormais la situation au Gabon, où nous suivons la situation avec la plus grande attention », a-t-elle indiqué. À la sortie du Conseil des ministres de ce mercredi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a indiqué que « la France condamne le coup d’État militaire qui est en cours et réaffirme son souhait que le résultat de l’élection soit respecté ».
Par ailleurs, le groupe minier de l’Hexagone, Eramet, a annoncé la « mise à l’arrêt » de ses activités dans le pays, où sont employées quelque 8000 personnes, majoritairement gabonaises. De son côté, la Chine a appelé à « garantir la sécurité » du président Ali Bongo quand la Russie s’est dite « très préoccupée » par la situation.
Ali Bongo, 64 ans, a été élu en 2009 à la tête du Gabon, après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé pendant plus de 41 ans ce petit État d’Afrique centrale, riche de son pétrole. Cette succession au pouvoir a souvent été dénoncée par l’opposition qui fustige une « dynastie Bongo » à la tête du pays depuis plus de 55 ans. Ali Bongo briguait un troisième mandat, réduit de 7 à 5 ans, aux élections de samedi qui regroupaient trois scrutins, présidentiel, législatifs et municipaux, tous sur un seul tour.
AFP