CONAKRY – C’est l’une des grandes surprises du scrutin présidentiel en Guinée. L’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara a déposé son dossier de candidature pour l’élection présidentielle du 28 décembre 2025.

Le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, se présente sous les couleurs du Parti pour la Réconciliation et le Travail (PRT). Il a versé sa caution, fixée à 900 millions de francs guinéens, conformément aux exigences légales.

Le Dr Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, purge actuellement une peine de dix ans d’emprisonnement. Le 31 juillet 2024, le tribunal criminel de Dixinn l’a reconnu coupable de crimes contre l’humanité, en raison de sa responsabilité de commandement dans la commission du massacre du 28 septembre 2009. Dès lors, une question se pose : au-delà du “buzz” que cette décision suscite, un detenu peut-il prétendre à la magistrature suprême ? Que dit la loi à propos de la candidature d’un prisonnier ?

À ces interrogations l’article 45 de la nouvelle Constitution est clair.  Cette disposition stipule que tout candidat aux fonctions de Président de la République doit, entre autres :

  • être de nationalité guinéenne ;
  • avoir sa résidence principale en République de Guinée ;
  • jouir de ses droits civils et politiques ;
  • être certifié, en bonne santé physique et mentale, par un collège multidisciplinaire de médecins assermentés institué par la Cour constitutionnelle ;
  • être âgé de 40 ans au moins et de 80 ans au plus ;
  • joindre une copie authentique de la déclaration écrite sur l’honneur de ses biens ;
  • être présenté soit par un parti politique légalement constitué, soit à titre de candidat indépendant sous réserve du respect des conditions de parrainage requises.

Au regard de cette disposition de la loi fondamentale, le candidat Toumba Diakité, condamné pour crimes contre l’humanité, se heurte à un obstacle : la jouissance de ses droits civils et politiques.

S’il existe une nuance dans la Constitution, le Code électoral, dans sa section 1, sous-section III, évoque les conditions pouvant entraîner l’inéligibilité d’un candidat à la magistrature suprême. Selon l’article 135, sont inéligibles à la fonction de Président de la République :

a. toute personne ayant fait l’objet d’une condamnation définitive pour crime ou délit ;

b. toute personne sous le coup d’un mandat d’arrêt international ou national pour des infractions pénales graves ;

c. toute personne ayant été définitivement reconnue coupable de crimes économiques ou financiers contre l’État.

Au regard de cette disposition, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, qui a fait appel de sa condamnation en première instance, peut effectivement faire acte de candidature.

Reste à savoir ce que décidera la Cour suprême à l’issue de l’examen des dossiers.

À suivre !

Pour Africaguinee.com