Dans son nouveau rapport sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty international a posé un diagnostic sur la conduite de la transition en Guinée. L’Ong dénonce notamment la violation des droits à la liberté d’expression, de réunion ainsi que les tueries des manifestants et les arrestations arbitraires.

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Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ont été bafoués. Des membres de la société civile qui avaient critiqué la période de transition politique ont été arbitrairement arrêtés et placés en détention. Plusieurs personnes ont été tuées par des membres des forces de défense et de sécurité alors qu’elles participaient à des manifestations.

Le procès du massacre du 28 septembre 2009 a débuté, 13 ans après les faits. Cette année encore, des victimes de violences sexuelles se sont vues refuser les soins médicaux et psychologiques dont elles avaient besoin et étaient confrontées à des obstacles dans leur quête de justice.

CONTEXTE

En octobre, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), qui a pris le pouvoir à la suite du coup d’État du 5 septembre 2021, s’est accordé avec la CEDEAO sur une période de transition de deux ans afin de restaurer l’ordre constitutionnel. La date marquant le début de cette transition faisait toutefois l’objet de débats.

LIBERTÉ D’EXPRESSION, D’ASSOCIATION ET DE RÉUNION

Les autorités ont violé les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Le 13 mai, le CNRD a annoncé l’interdiction de « toutes manifestations sur la voie publique de nature à compromettre la quiétude sociale et l’exécution correcte des activités contenues dans le chronogramme, […] pour l’instant jusqu’aux périodes de campagnes électorales ». Le 8 août, les autorités ont dissous le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition d’organisations de la société civile et de partis politiques qui réclamait le retour à l’ordre constitutionnel.

La haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré le 15 août que «de telles actions pourraient constituer des violations des droits à la liberté d’association et de réunion pacifique » et a demandé aux autorités de revenir sur cette décision.

ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS

ARBITRAIRES

Le 5 juillet, trois dirigeants du FNDC, Oumar Sylla, Mamadou Billo Bah et Djanii Alfa, ont été arrêtés par les forces de police alors qu’ils tenaient une conférence de presse au siège de la coalition à Conakry, la capitale du pays. Après avoir été accusés d’« injures publiques, outrage à magistrat et troubles à l’ordre public et à la sécurité publics » et placés en détention à la prison de Conakry. Le 28 septembre s’est enfin ouvert le procès des personnes accusées d’avoir pris part au massacre du 28 septembre 2009, lors duquel plus de 150 manifestant·e·s avaient été tués et plus de 100 femmes avaient subi des violences sexuelles. Par conséquent, le Procureur de la CPI a clôturé son examen préliminaire concernant la Guinée, entamé 13 ans auparavant.

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES

Les victimes de viol ont continué de faire face à un manque de protection, d’accès et de disponibilité en matière de soins médicaux, de services de santé sexuelle et reproductive, de soutien psychologique et d’assistance juridique et sociale. Malgré de fréquentes campagnes de sensibilisation, les autorités n’obtenaient pas les résultats escomptés en matière de prévention, et les « pressions socioculturelles » pesaient encore lourdement sur les victimes et leurs familles, qui étaient souvent réduites au silence, forcées à accepter des accords extrajudiciaires dans les affaires de viol, et montrées du doigt

DÉGRADATIONS DE L’ENVIRONNEMENT

Les autorités guinéennes et des ONG ont signalé de graves cas de pollution et des risques de dommages environnementaux et de violations des droits humains dus aux activités minières dans plusieurs régions.

Le 31 janvier, le Premier ministre Mohamed Béavogui s’est rendu à Fria, une ville de la région de Kindia, pour évaluer la situation socioéconomique des travailleuses et travailleurs et constater le niveau de pollution signalé dans la commune où opérait Rusal, une entreprise russe d’extraction de bauxite. À la suite de cette visite, le Premier ministre a ordonné à la direction de Rusal de se mettre en conformité avec les normes internationales en matière de lutte contre la pollution avant le 1er mai.