Nous sommes le 9 janvier 2025, soit une semaine après l’expiration du délai légal pour la transition guinéenne. La Guinée et la CEDEAO avaient signé un accord dit “dynamique” pour la fin de la transition, initialement fixée au 31 décembre 2024, par l’organisation d’élections. Cependant, près de dix jours après l’expiration de cette échéance, la communauté internationale, et notamment la CEDEAO, reste silencieuse.
Après le renversement du régime d’Alpha Condé, la junte au pouvoir s’était engagée à organiser des élections en vue du retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 24 mois. Or, cet engagement n’a pas été respecté. Pour des raisons qui lui sont propres, la communauté internationale n’a pas réagi pour exiger le respect des promesses. C’est un silence total.
Paradoxalement, cette situation n’a pas affecté les relations diplomatiques entre la Guinée et les organisations sous-régionales, ni celles avec l’ensemble de la communauté internationale. Le général Mamadi Doumbouya et les autres responsables actuels du pays continuent de participer aux grands événements africains, comme l’investiture du président ghanéen, John Dramani Mahama, ce mardi à Accra, au Ghana, en présence de plusieurs chefs d’État africains et mondiaux.
Mais que traduit ce silence ? Une question qui taraude les esprits depuis plusieurs jours.
Pour de nombreux observateurs, ce silence pourrait s’expliquer par le manque de stratégie de la CEDEAO. Cette situation met en lumière les lacunes de l’organisation ouest-africaine, qui peine à imposer ses règles à ses pays membres, notamment depuis la multiplication des coups d’État sur le continent. Cela a d’ailleurs conduit certains pays en transition à se retirer de la CEDEAO.
Faut-il s’attendre à ce que la communauté internationale, et notamment la CEDEAO, se fasse entendre prochainement ? Doit-elle intervenir pour rappeler Conakry à l’ordre ? Rien n’est certain.
Bien que le président de la transition, dans son discours du Nouvel An du 31 décembre, ait présenté un calendrier pour la tenue des élections en 2025, une intervention de la CEDEAO reste plus que nécessaire. Elle pourrait, par ailleurs, contribuer à apaiser l’atmosphère politique tendue entre le pouvoir et l’opposition, cette dernière maintenant la pression et exigeant la fin de la transition.
En optant pour le silence, la CEDEAO expose davantage ses lacunes et risque d’encourager la confiscation du pouvoir en Afrique par des militaires de plus en plus enclins à se maintenir au pouvoir.
Alors, que doit faire la CEDEAO face à la situation guinéenne ? Lors de son dernier sommet, l’institution a annoncé le déploiement d’une mission en Guinée. Mais tout porte à croire que cette démarche rassure peu quant à la résolution de la crise, d’autant plus qu’elle n’est pas une première. Depuis l’avènement du CNRD au pouvoir, plusieurs missions ont été envoyées à Conakry, mais les résultats ont toujours été les mêmes, sans contraindre les acteurs concernés par le processus de transition. Cela n’a jamais incité la junte à réaménager son agenda électoral.
Maintenant que la date butoir du 31 décembre est passée, le pays vit au rythme d’une transition dont la fin reste incertaine pour les Guinéens. L’implication de la communauté internationale dans la transition guinéenne semble désormais écartée, sachant qu’elle ne dispose plus de la force nécessaire pour agir. Preuve en est : dans ses dernières communications, les opposants guinéens réunis au sein des Forces vives de Guinée font de moins en moins appel à la CEDEAO pour contraindre le CNRD à respecter ses engagements.
Certains membres de cette plateforme ont d’ailleurs opté pour la dissolution d’une CEDEAO démunie, privée de moyens pour mener sa politique et affaiblie par la révolte de certains de ses membres.